samedi 13 novembre 2010

« Il ressemble tellement à son papa ! » et autres maximes sans importance

Mise en situation : vous êtes arrivés chez belle-maman. Premier séjour en immersion chez les tout nouveaux grands-parents depuis la naissance du lardon. Vous les avez enfin convaincus de se décider entre Bon-Papa et Bonne-Maman, Papie et Mamie, Granny et Vieux-Bob. Belle-maman a choisi Grand-Mère. C’est plus classique. Beau-papa n’a pas pu se résoudre à se faire appeler Grand-père, mais comme il fallait quand même choisir un nom qui ne soit pas trop éloigné de Grand-Mère (pour qu’on comprenne qu’ils sont un couple, sinon le lardon il va être paumé), il a choisi Grand’Pa. C’est plus…  « moderne » ? ha, ok.
Bref, Grand’Pa, servant le champagne, est en train de raconter pour la 3ème fois ce week end le jour où il s’est endormi en donnant le biberon à son fiston âgé d’à peine 2 mois qui s’est retrouvé une tétine dans l’oreille à roupiller sur son papa. L’histoire lui fait encore naître une petite larme au coin de l’œil. De son côté, Grand-mère est en train de fouiller dans son armoire pour ne pas avoir à se taper encore une fois l’histoire de Grand’Pa qu’elle connaît par cœur qu’il essaie de faire croire qu’il s’occupait de son fils bébé chercher l’album de famille. Et laisse échapper la phrase magique : « c’est fou quand même ce que notre petit-lardon ressemble à son papa quand il était bébé ».
Poil qui se hérisse. Ça faisait longtemps. 45 fois cette semaine que vous entendez combien votre lardon ressemble à son papa.
Pour couronner le tout, c’est en général à ce moment que la tante Alphonsine se permet de rappeler que, quand même, les bébés d’aujourd’hui ça n’a rien à voir avec ce qu’on a vécu.
Des clichés ? Donc des phrases que toute jeune maman a entendu, et entendra encore. Petits exemples de ces phrases toutes faites qui nous donnent envie de prendre la tête de belle-maman pour taper sur celle de la grand-tante  agacent un peu parfois.
« Les bébés d’aujourd’hui c’est plus comme avant »
ð  Pourquoi ça nous agace ?
Parce que la génération précédente, et celle d’avant encore, utilise systématiquement cette phrase dans le sens qui l’arrange.
Parfois ça veut dire : « votre vie à vous est quand même drôlement plus simple que pour nous ». S’en suit en général un défilé d’argumentaires de puériculture que la tante Alphonsine elle serait VRP chez Gallia avec des actions chez MacLaren que ça m’étonnerait pas. « Ha non mais nous un bébé c’était un boulot à plein temps, de toute façon c’est simple on pouvait plus sortir. On avait pas ces poussettes ultra-légères-pliables-confortables-faciles à manier comme vous et pour les repas je te raconte pas, aujourd’hui vous prenez une dosette de poudre un peu d’eau et c’est réglé, nous c’était toute une histoire… ». Et oui, c’est vrai, franchement un bébé aujourd’hui c’est cool, tu t’en occupes juste un peu pour mettre la poudre dans le biberon et le reste du temps tu peux faire ce que tu veux où tu veux grâce à ta super poussette… sic.
(en vrai, pour pouvoir vraiment faire des choses avec un bébé, il y a l’écharpe de portage, mais pour ça la tante Alphonsine a bien d’autres clichés qui méritent un article tout espécial sur le sujet…)
Parfois, au contraire, cette phrase toute faite sert à culpabiliser la jeune maman qui « décidément en fait beaucoup trop, à notre époque on se posait pas toutes ces questions ». Rappelle toi, tu avais les mêmes réflexions de la mêmes génération lorsque tu étais enceinte : « mais tu vois encore ton médecin ? T’as un abonnement ou quoi ? de mon temps on le voyait une fois au début pour voir si tout va bien et une fois à la fin pour accoucher et puis voilà » « oui je sais maman mais maintenant c’est une fois par mois et 3 échos, c’est la SECU qui dit et c’est comme ça… »
ð  Pourquoi on y a quand même droit à chaque fois ?
Parce qu’ainsi belle-maman peut enchaîner pendant la prochaine demi-heure sur une description par le menu de sa relation à elle avec son bébé devenu ton cher et tendre que quand elle te parle de ça ça te met toujours très bien à l’aise…
« Il ressemble tellement à son papa »
ð  Pourquoi ça nous agace ?
Parce que c’est vrai. Déjà.
Il paraît même qu’il y aurait une explication scientifique au fait que beaucoup de bébés ressemblent à leur papa. Un truc du genre que ce serait un des moyens que la nature aurait trouvé pour éviter un taux trop important d’abandons paternels de l’enfant à la naissance (attention, je vous parle d’une époque où les tests ADN n’existaient pas. Elle avait pas forcément prévu ça, la nature…).
Quoiqu’il en soit, volonté de Mère nature ou pas, c’est agaçant. Parce que ce charmant mini-lui il a pas été fabriqué tout seul que je sache, et que c’est pas le papa qui a travaillé pendant 9 mois l’élasticité de son ventre (quoique ?) et autres plaisirs inventés, encore une fois, par Mère nature pour favoriser la production d’un lardon.
Ceci dit, j’ai au moins la chance d’avoir un lardon du même sexe que son père. Mais ça marche aussi avec les girly lardon qu’elles ressemblent tellement à leur papa. Parfois ça fait moins rire les mamans, du coup…    
ð  Pourquoi on y a quand même droit à chaque fois ?
Parce que c’est vrai. Déjà
Et que c’est tellement tropmignon d’avoir fabriqué un mini-lui.
Et parce que ça permet à belle maman de ressortir les photos de son fiston quand il était bébé. Et de boucler la boucle. Et d’enchaîner sur le postulat préféré de sa belle-fille :
« Il va falloir lui faire un petit frère ou une petite sœur rapidement, c’est pas bon pour les enfants d’être l’unique centre d’attention de ses parents »
ð  Pourquoi ça nous agace ?
Heu… y a vraiment besoin d’explications ? Rien que de l’écrire, cette phrase, ma tension est montée d’un cran.
Le plus exaspérant, c’est qu’avant d’être enceinte du lardon, les enfants, c’était tabou. Un code secret instauré entre couples même très amis, même de longue date : on n’en parle pas tant qu’il n’y a pas eu d’annonce officielle de grossesse. En revanche, il ne devient apparemment plus du tout gênant d’évoquer ton habilité à te reproduire une fois celle-ci  avérée par la naissance du lardon. Sic
ð  Pourquoi on y a quand même droit à chaque fois ?
N’ayant pas d’explication particulière à donner ici, dans mon cas je dirais que c’est simplement parce que le premier est tellement mirifiquement so perfect…
 «tu vois, cette photo, avec mon grand fiston qui doit avoir à peu près l’âge du lardon ? Et bien j’étais déjà enceinte de sa petite sœur à ce moment là » (ça c’est belle-maman, qui repasse par là. Quelqu’un pourrait jeter cet album s’il vous plaît ?)
T’as eu beaucoup de vergetures ? t’as pris combien de kilos ? il t’en reste combien à perdre ? et tes cheveux ils tombent beaucoup ?  ? et tes seins, t’as gardé tes gros bobs ?
ð  Pourquoi ça nous agace ?
Parce qu’une fois enceinte notre corps semble appartenir au domaine public, ça on le sait. Mais franchement je pensais dans ma grande naïveté que ça s’arrêtait après la grossesse !
Ben non, en fait.
« Et t’as de hémorroïdes ? »
ð  Pourquoi on y a quand même droit à chaque fois ?
Parce que c’es valorisant pour les copines qui n’ont pas encore eu de lardons et qui, elles, feront attention. C’est pas compliqué quand même, il faut le préparer à la grossesse son corps, on fait pas n’importe quoi : crème anti-vergetures chaque jour et hors de question de manger des rations pour deux sous prétexte que je suis enceinte. Enfin, moi, je ferai comme ça. Dit-elle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire