mercredi 24 novembre 2010

Rhabillé pour l’hiver

La semaine dernière, la gentille dame de la crèche m’a demandé d’apporter une gigoteuse pour mon lardon, rapport aux -30°C qu’il fait dehors. C’est le genre de moments où la gentille dame de la crèche en profite pour utiliser son œil désapprobateur sous-entendant qu’on aurait bien pu y penser nous-mêmes. Soyons francs, la gentille dame de la crèche ne rate pas une occasion d’user de son œil désapprobateur pour te faire comprendre que tu as du boulot avant de prétendre postuler pour la perfect-mum academy. De toute façon tu avais perdu tes illusions également sur le sujet.
Bref, l’important c’est que ce fut l’occasion pour moi de m’essayer à un petit exercice : fabriquer la gigoteuse idéale. Rien quoi ça, oui.
Le résultat c’est qu’elle est idéale en tous points… dans la conception. Pour la réalisation, ce n’est pas encore tout à fait ça, mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron.
Donc, pour concevoir la gigoteuse idéale, rien de tel que de s’appuyer sur son expérience de jeune maman et de reprendre les caractéristiques clés du spécimen :
1.La jeune maman n’a pas un rond
Ouille. Mal aux yeux.
Rapport à la gentille dame de la crèche qui lui ponctionne l’équivalent d’un rein tous les mois.
Pas besoin de te faire un dessin, même pas besoin de se déplacer dans un magasin de puériculture, un rapide benchmark sur ton moteur de recherche préféré avec le mot clé « gigoteuse » (si c’est pas du travail mâché, ça), pour constater que l’objet en question risque d’aggraver tes relations déjà tendues avec ton banquier.
Mais en tant que bonne bobo, tu ne peux définitivement pas te résoudre à acheter pour ton lardon la turbulette synthétique arc en ciel de chez Ed ton épicier préféré.
Donc, déjà, ma gigoteuse, elle coûte pas un bras. Mais elle fait pas mal aux yeux pour autant.


2.La jeune maman aime les tissus naturels et confortables
Encore plus si elle est un peu bobo.
En gros, la jeune maman préférerait faire dormir son lardon dans son sac à couches que dans ces sacs à viande en velours synthétique décoloré.
Rien de tel que du bon vieux coton. Ma gigoteuse elle est en coton d’un vieux drap de grand-maman dedans et en coton pas vieux mais coton quand même dessus. Et entre les deux un petit molleton (il fait -30°C pour rappel).

3.La jeune maman a 2 mains gauches
Et a peur de mal faire. Surtout avec un micro lardon tout neuf. Par-dessus tout, la jeune maman aime quand son lardon dort, et n’aime pas du tout le réveiller. Autant te dire qu’elle peut passer une demi-heure son lardon dans les bras, la gigoteuse étalée proprement sur son lit, à résoudre cette impossible équation : « et comment je fais moi pour mettre le lardon DANS sa gigoteuse sans avoir à le poser d’abord DESSUS, et le tourner dans tous les sens pour qu’il se retrouve DEDANS ? »
Donc ma gigoteuse idéale, elle s’ouvre AU-DESSUS (pas sur le côté, quoi) pour pouvoir poser le bébé direct dedans et fermer APRÈS seulement. 
Et comme la jeune maman pense par-dessus tout à son sommeil au confort de son lardon, elle pense bien sûr à coudre la glissière centrale avec la fermeture vers le bas pour ne pas irriter le petit cou de son lardon. Ou alors la jeune maman a un demi neurone, souvent mal connecté avec ses 2 mains gauches. Donc elle défera la couture de la glissière et recommencera…  De toute façon la jeune maman a énormément de temps libre, donc ce n’est pas grave. Sic.

4.La jeune maman est visionnaire
Elle voit loin, parfois même pense déjà au prochain. En plus elle est radine (voir plus haut) et frôle la dépression chaque semaine en remplissant un nouveau sac de vêtements qui ne vont plus, rapport à ce que lardon a encore doublé de volume ce mois-ci.
Donc la jeune maman, échaudée par ces expériences, veut une gigoteuse qui dure LONGTEMPS. Plus de deux mois, par exemple.
La gigoteuse idéale a donc plusieurs longueurs possibles, grâce à de petites attaches au bas. Comme ça le petit lardon il est pas tout perdu dans une énorme gigoteuse. Classique, quoi.
Mais surtout, elle a de grandes emmanchures, car je te rappelle que la jeune maman, avec ses 2 mains gauches, a peur de déboiter l’épaule de son lardon rien qu’en lui mettant des chaussettes. De grandes emmanchures, c’est plus rassurant. Mais avec tout cet espace  la toute-jeune maman ne risque pas de s’endormir : dès qu’elle ferme les yeux, elle imagine son lardon glisser au fond de son sac à viande se débattant de ses minuscules petits bras pour essayer d’en sortir. En particulier la jeune maman du lardon RGO qui a incliné son matelas comme-il-a-dit-le docteur, légèrement obnubilée par l’idée de le retrouver ratatiné tout au fond de son lit… De grandes emmanchures, donc, ok, mais que l'on peut rétrécir avec de petites attaches une fois le lardon enfilé pour pas qu'il glisse au fond. 
la double longueur : classique mais néanmoins appréciable
la double emmanchures : simple, mais efficace


Fait moins sa maligne la gentille dame de la crèche.

PS : Dans un souci d'amélioration constante, toute suggestion d'amélioration de la gigoteuse idéale sera étudiée avec attention !

jeudi 18 novembre 2010

Ce sera pour le prochain…

On dit de la grossesse qu’elle est un moment unique. Qu’elle est une période tellement spéciale qu’elle excuse tout, y compris et surtout le droit de s’auto-centrer sur soi-même. Qu’elle est un départ, un commencement, un début d’une vie qui ne sera plus jamais comme avant. Avec l’idée d’une naissance naît une nouvelle personne, un nouveau foyer un nouveau projet.
Enfin… des nouveaux projets. Et oui, la future-maman se recentre sur elle-même, et se construit un avenir parfait. Un avenir fait de mille projets. Un avenir tout rose (ou bleu, hein, on se comprend) conciliant vie professionnelle enrichissante, vie sociale palpitante, vie familiale épanouissante.

Et justement, quelle chance, nos ainés ont inventé l’état-providence et son congé maternité. Tout ce temps rien que pour moi pour faire tout ce que j’ai voulu faire et faire plein de projets. (c’est là qu’on dit « lol-mdr » ?)

La future maman est visionnaire. Ou utopiste. Ou déficiente en terme de neurones.
La future-maman n’écoute donc pas ses amies qui sont passées pas là avant elle et lui ont dit : fais gaffe, le congé mat avant la naissance, ça passe vite, et celui après la naissance… bah en fait t’as un lardon, alors tes grands projets tu peux oublier.
Non non, la future maman n’entends pas, c’est décidé, cette période est l’occasion de faire tout ce qu’elle a toujours reporté à demain (sans se douter qu’avec un lardon elle reportera à après-demain).
Toujours est-il que la future-maman entreprend, elle en commence des choses...

Laisse moi te prévenir, future maman, voilà ce qui va se passer dans la série je me prends en main :

« Tiens, je vais me mettre à la cuisine. »
A fond. Nan mais je veux dire, je vais vraiment me mettre à faire des petits plats. On peut plus se permettre avec un lardon de continuer à avoir le frigo vide et se commander un jap quand on n’a plus de quiches Picard au congélateur. Moi mon lardon je vais lui donner de bonnes choses, lui apprendre la gastronomie française (patrimoine de l’Unesco quand même) alors autant s’y mettre maintenant.
Ça dure 1 semaine. Et puis tu te dis que t’auras bien le temps de t’y mettre à la cuisine. En commençant par potasser les recettes du Baby-Cook.


« Cette fois c’est décidé je me mets à la déco. »
Ça ressemble  rien ici. Mon Lardon je vais lui faire un petit home sweet home qu’il voudra plus jamais en partir.
Ça dure longtemps. Très longtemps.
Enfin, les projets durent longtemps et les pots de peinture restent longtemps dans les cartons. Puis à la cave.

« Tiens, je vais me mettre au tricot. »
Trop cute ces petits nids d’ange en vraie laine faits par les petites mains de maman. Ultra tendance le tricot, en plus.
Ça dure 3 mois... si t’es enceinte en hiver. 15 jours, sinon.
Ceci dit, tu pourras au moins recycler les 4 chaussons de couleurs différentes qui n’ont pas leur petit frère, les  2 pulls asymétriques parce que tu n’as pas eu le courage de faire la 2ème manche, les 5 doudous commencés immédiatement remplacés par les 45 que tu as reçu en cadeau de naissance : il serviront de déco originale (rapport à ce petit problème de déco non terminé, voir plus haut). 
Et puis surtout tu te dis que « ça sera pour le prochain »


   « Nan mais en fait mon temps dispo je veux le mettre vraiment à profit et construire ma    nouvelle vie. »
Pas compliqué, mon boulot ne se conciliera pas avec la vie perso que je veux, donc je réfléchis à ce que je veux vraiment, et je change.
Alors en fait autant te dire que déjà un chausson en tricot tu ne finiras pas pendant ton congé mat alors la remise en question de ton projet professionnel…

Et oui, la future maman est en fait une faignasse. Elle ne finit rien de ce qu’elle commence, mais ça ne l’inquiète pas pour autant, car arrivera le congé maternité d’après la naissance. Ne mens pas, toi aussi tu t’es dit que tout ce que tu as commencé avant, tu pourras bien le finir après… hohoho (je ris, là). 
Je pourrais être cynique et dire qu’en fait, la jeune-maman ne fera plus rien parce que son lardon lui prendra tout son temps. Ce qui est vrai. Mais soyons beau joueur et disons que c’est parce que tous ses projets sont remplacés par un bien plus important.

Et puis la jeune maman est surtout ultra-visionnaire. Ou ultra-utopiste. Ou ultra-déficiente en terme de neurones (surtout si elle allaite) :
Nan mais c’est pô grave, ma reprise en main de moi-même, ça sera pour le prochain… 

mardi 16 novembre 2010

Chériiiiiiiiiiiiii ? Je crois qu’il m’a souri !


La première fois, on est pas sûr sûr. Parce qu’un bébé, ça fait des sourires tout seul au début, des « sourires aux anges » comme ils disent dans les livres. Et puis un jour, il sourit en te regardant, en vrai, un sourire rien que pour toi. Moi c’était à un moment où je lui chantai sa chanson. Quoi sa quoi ? Tu vas me faire croire que tu n’en n’as pas, toi, de magnifique home-made-song pour ton lardon ? Ne te fous pas de moi, toi aussi tu en as une, avec des « mon bébé d’amour » et « petit loulou trop mignon » dedans… oui, tu vas, toi aussi. Bref, moi c’est à ce moment là qu’il ma souri la première fois. Vous imaginez bien que sa chanson a continué de raisonner de ma splendide voix all day long, au grand bonheur de mon cher et tendre, agrémenté de « vas-y mon Loupi, refais un sourire à maman »….
Chacune réagit certainement différemment à ce moment. Les (heureusement) rares wonder-perfect-mum notent illico ce nouvel acquis de leur progéniture dans le cahier de « bébé jour après jour». Mais toute jeune maman normalement constituée (c'est-à-dire pleine d’hormones et affublée d’un demi-neurone) se pare à ce moment de sa voix haut perché et devient hystérico-gaga « chériiiiiiiiiiiii, chériiiiiiiiiii, il m’a souriiiiiiiiiiiiiiiiii, je te jure, à moi, quand je lui ai chanté sa chanson, un vrai sourire, trop mignoooooooooon… ». Si ton cher et tendre ne t’a pas bâillonné et enfermé dans une pièce insonorisée dans la demie heure qui suit, tu as de la chance. Mais attends que le prochain sourire lui soit destiné à lui, là tu vas rigoler…
Un vrai p’tit bonheur.

lundi 15 novembre 2010

Maman les p’tits bonheurs

Il paraît qu’il est de bon ton de s’ériger en anti-perfect-mum. De revendiquer ses errements et ses erreurs dans l’éducation de ses enfants. D’affirmer ne pas vouloir TOUJOURS faire passer ses lardons avant soi-même. Il paraît que c’est devenu une mode. En tout cas c’est ce que nous faisons. Toutes. Parce que c’est plus facile que de l’être, la perfect-mum. Parce qu’elle n’existe pas, déjà. Et parce que revendiquer le fait de n’être pas parfaite, de ne pas adhérer tout à fait aux phrases comme « la maternité c’est le plus beau rôle de ta vie, l’impression d’avoir enfin trouvé ce qui te manquait », c’est surtout l’occasion de rire de bon nombre de situations vécues (endurées ?) dans notre quotidien. Et que l’humour aide quand même à supporter pas mal de choses. En particulier les 3kg de trop accrochés à chacune de tes cuisses. Et feu-tes-bobs que quand ton cher et tendre il y repense il a la larme à l’œil.
Bien sûr ce sont de ces situations grotesques, de nos agacements, nos hontes et nos douleurs que nous parlons, parce que c’est de ça qu’il est nécessaire de se décharger. Avec cynisme parfois. Et pourtant, ce ne sont pas ces moments là qui nous remplissent du fait d’être mère.
Car il est de ces moments qui font qu’on ne se demande plus jamais « pourquoi ? ». Où on pourrait même affirmer que ce rôle là c’est le plus beau rôle de notre vie (sauf qu’en vrai on le dit jamais, éventuellement on l'écrit mais bon…). Ces moment où l’on se rend compte de cette incroyable capacité à aimer qui est en nous, à s’émerveiller de choses tellement banales qu’on considère comme des exploits, simplement parce que l’enfant qui les réalise c’est le sien.
Ces moments là on n’en parle pas beaucoup parce qu’il y a peu à dire, simplement les vivre. Et savourer.
C’est ma rubrique « les p’tits bonheurs »