samedi 30 octobre 2010

Chapitre 0 : la fin du déni

Moi, je suis TOUT SAUF parisienne.
C’est clair.
Je suis une vraie provinciale, un pur produit de la campagne, née dans les prés et élevée au milieu des vaches. Sisi. Une vraie Normande, qui aime la crème, les bottes de paille et les tartes tatin. Une vraie qu’a pas peur de la pluie et qui connaît le nom des plantes qui poussent dans les champs.
Enfin… presque. En tout cas mes parents ont bien essayé de m’apprendre.
A l’école on disait « parigot tête de veau », et on l’a juré, croix de bois, croix de fer, Paris c’est trop l’enfer. Si jamais on y vit un jour ça sera juste pour faire des études, mais on reviendra, parce que la vraie vie c’est pas ça, la vraie vie elle est ici, nous on est normands depuis des générations, épicétou.
Donc je suis tout sauf Parisienne.
Oui, bon, c’est vrai, je suis « montée à la capitale », moi aussi, finalement. Mais c’était pour y faire des études. Et puis c’est pas loin de la maison, ça veut pas dire que j’y resterai toujours.
Oui, bon, c’est vrai, avec mon cher et tendre, on y vit, à Paris. Mais c’est juste parce que nos boulots sont ici. Lui aussi c’est un vrai, un TOUT SAUF parisien. Un auvergnat, un pur et dur (enfin, un d’adoption mais ne discutons pas de ça, ça va faire des histoires pour rien). Donc, bon, nos boulots sont à Paris mais ça veut pas dire qu’on y restera toute notre vie.
Oui, bon, c’est vrai, on a acheté un appartement. Oui  mais bon, vous avez vu les loyers aussi ? ça veut rien dire, acheter à Paris c’est un investissement de toute façon.
Oui, bon, c’est vrai, le lardon est né à Paris, y sera baptisé (d’ici peu, grand-mère, oui oui, promis…), y a sa crèche, sa pédiatre, sa batterie de nounous attitrées. Mais c’est pas parce qu’il y a marqué « né à Paris » sur le livret de famille qu’il est forcément parisien à vie, si ?
Oui, bon, c’est vrai, toutes mes copines habitent à Paris. Dans un rayon de 500m autour de chez moi. Oui, elles aussi elles ont un petit peu acheté un appartement (mais-c’est-plus-un-investissement-ça-veut-pas-frocément-dire-grand-chose) .
Oui, bon, j’ai mon abonnement vélib et mon pass navigo. Oui, sur les plaques de ma citadine toute cabossée y a marqué 7 5 et quand j’ose passer le périph je conduis à la parisienne parce que franchement-ils-sont-trop-relous-à-pas-avancer-ces-gens-ils-ont-que-ça-à-faire-en-province-ou-quoi ? Oui, j’ai le site de la RATP en favori sur mon ordi. Oui, j’arrive à 10h au boulot et je commence ma soirée à 22h (ha non, pardon, ça c’était avant la naissance du lardon). Oui, je fais mes courses au daily monop à 21h45 parce que le frigo est encore vide. Oui, ma grand-mère trouve que j’ai pris un accent bourgeois-parigot. Oui, j’ai 30 ans (presque, hein, pas toutafé) et j’ai passé un tiers de ma vie à Paris… Oui, bon, mais en vrai je suis pas parisienne.
Moi je suis TOUT SAUF bobo.
C’est clair.
Déjà, la bobo, la vraie j’entends, elle est parisienne de génération en génération. Moi je vais pas revenir là-dessus mais je suis pas parisienne, déjà. Réac encore moins. Bobo écolo non plus, j’ai pas le temps pour ça.
Oui, bon, c’est vrai, dans mon armoire la moitié des fringues viennent de chez Comptoir des Cotonniers (comptoir des cot’ pour les intimes), mais c’est juste parce qu’il y en a un à côté de chez moi et que j’aime pas faire 30 bornes pour m’acheter des vêtements…
Oui, bon, c’est vrai, le lardon est habillé un tiers avec les vêtements-bout’chou-franchement-c’est-trop-mignon-et-pas-très-cher, un tiers avec les chemises baby gap-franchement-c’est-pas-trop-chou-ça-un-vrai-p’tit-mec offertes par les tata-copines de maman, et le dernier tiers par des vêtements cousus par Maman parce que le fait-main ça redevient trop hype et dans les chemises de Papa n’en parlons pas c’est trop vintage j’adore.
Oui, bon, c’est vrai, j’ai une collection de chapeaux plus boboïsants les uns que les autres. Mais hormis les chapeaux, promis, je suis vraiment pas mode-shopping tout ça.
Oui, bon, c’est vrai, on se fait des apéros meufs à l’experimental cocktail club (ECC pour les intimes) et des week end meufs essentiellement à base de mojitos. Oui, bon, ça parle fringues, beaucoup. Mais moi j’arrive pas toujours à suivre quand même. Oui, bon, j’ai à la maison une collection de Liberty pour faire des trucs trop cute genre mes lacets-mon porte chéquier-mon porte iphone. Oui, bon, on habite à Montmartre et le marché Saint Pierre n’a aucun secret pour moi… mais je suis plutôt côté Pigalle, ça va, ça déboboise un peu quand même. Non ?
Alors voilà, ce blog s’appelle Maman (Parisian) Bobo parce que, déjà, le nom était dispo (oui, j’avais remarqué que le concept de « maman à Paris » n’est pas d’une grande originalité pour faire un blog, mais en même temps je ne suis pas violoncelliste à Prague ou marchand ambulant à Palavas les flots alors …), le jeu de mot était hypra cool (non ?), et force est de constater que je suis maman, ET parisienne, ET bobo (un peu).
Aujourd’hui, donc, en inaugurant ce blog, je mets fin au déni de toute une vie. En voilà un grand pas.

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